Bon album, gros son avec mix 5.1 original

Note globale


Manque de spatialisation, et que quelqu'un foute des claques à Harrisson !

Editeur : RoadRunner
Durée totale : 0 h 50

 - (PCM 24 bit)

Image        NTSC

Finies les images torturées de In Absentia et Deadwing, place à des photographies plus réalistes et assez The Wallesques autour de la thématique de l'album (ado, télé et drogues). Toujours pas mon trip, mais plus agréable que ce à quoi Lasse Hoile nous avait habitué. Bonne nouvelle, il y a désormais plusieurs images par chanson, modifiées "en rythme".
Album complet en 5.1
Paroles à part
Pour le reste, merci d'avoir remué ciel et terre pour me trouver et rendez-vous en septembre, au fond à droite
La remise en place de la batterie en 5.1 me pousse à augmenter d'un point la note que j'avais prévu au départ, sanctionnant le relatif manque de spatialisation. En stéréo, l'omniprésence de Harrisson donne à la fois des envies de meurtre et des maux de tête.
Pas le meilleur album de Ptree, pas mauvais non plus, une sorte de bon album de transition, comme In Absentia mais... en mieux !

Le soleil s'était levé sur la lande des petits lutins bleus et pas une goutte de liquide n'était venue arroser les plants de salasspareille qui commençaient à pourrir dans les champs, empestant à travers toute la Comté. Quelques mois auparavant, l'ignoble Gare-Gamelle, chargé de veiller au bon déroulement des récoltes, avait eu l'idée de fabriquer des salaspareilles OGM, que les lutins n'avaient pas le droit de replanter plus de trois semis de suite. Mais la piètre qualité de leur saveur rendit encore plus fourmillant le trafic de salaspareille frelatée, apportée sur le rivage par de grands bateaux sillonnant les torrents et battant pavillon noir. Des hordes de lutins rebelles menés par José Mové s'attaquèrent aux nouvelles récoltes, et tout le pays commençait à mourir de faim.

Seul dans les ruines de son château, le gros lutin rouge, jadis chassé du village, subsistait frugalement. Quelques opulents lutins devenus gnomes, sages, barbus et richissimes, venaient de temps en temps lui emprunter sa recette magique pour agrémenter des conserves de salasspareille encore goûtues quoique quelque peu défraîchies, mais l'ambiance générale était moribonde. Soudain, extemporanément, quelqu'un frappa à la porte.

"Bip-Bip ! Lutin rouge, ouvre-moi, je sais que tu es là ! Je peux t'aider à retrouver ta splendeur d'antan !". Le lutin ouvrit la lourde et découvra, (ou découvrit, en français), un magnifique oiseau au plumage bleu et au bec rieur.

"Bip-Bip ! Je sais que tu projettes d'avoir une belle récolte l'année prochaine ! Tu ne voudrais pas qu'elle finisse comme la récolte précédente, pas vrai ?"

"Ben de toutes façons, elle a déjà commencé comme la récolte précédente, vu qu'elle va avoir le même goût", rétorqua le lutin, qui plus tard allait certifier à Béatrice Schonberg que non, il l'avait pas dit.

"Alors", reprit l'oiseau, "laisse-moi m'en occuper. Je ne suis pas un lutin, je ne te veux point concurrence, et certains de tes amis ont déjà rejoint mes rangs".

Pris d'une joie intense, le lutin accepta l'offre de l'oiseau. Il ne remarqua pas la queue du gallinacé, qui se paraissait d'un marron poisseux, semblable à celle d'un coyote.

Comme le village était mort de faim, ils convinrent tous deux de vendre la nouvelle récolte à des prix différents : un cageot à bas prix pour les plus nécessiteux, et un cageot plus cher contenant l'ingrédient secret du lutin rouge. Mais curieusement, une semaine avant que les feuilles ne fûssent mûres, l'oiseau revint toquer à la porte du lutin.

"Bip-Bip, c'est moi ! Je viens chercher toute ta récolte"

"Mais pourquoi ?" s'enquit le lutin, qui sentait qu'il allait se faire méchamment enculer.

"Afin de m'occuper des deux cageots ! Tu as assez travaillé cette année, c'est à mon tour de m'occuper de tout".

Une semaine plus tard, quelle ne fût pas la surprise du lutin lorsqu'il ne vit sur la place du marché qu'un seul étalage ! Les petits lutins bleus s'étaient précipités vers l'oiseau marchand, mais faisaient désormais la queue pour acheter l'unique récolte, la normale, celle que tous les lutins auraient pû faire dans leur jardin.

"Mais qu'as-tu fait, oiseau de malheur ?" hurla le lutin à l'encontre du bleu volatile.

"Eh bien, j'ai longuement réfléchi, et au bout de dix secondes, je me suis dit que si la salaspareille mûrissait plus longtemps, son goût n'en serait que meilleur. J'ai donc décidé d'attendre pour vendre ta cuvée spéciale, elle sera de plus haute qualité."

"Eh, dites, piaf" s'enquit le maire du village, "quand est-ce qu'elle arrive, votre cuvée spéciale ?"

"Fin septembre".

"C'est bien trop long !" hurla le lutin. "Les gens auront oublié jusqu'au goût de ma récolte !".

"Ne t'inquiète pas, j'ai tout prévu : j'ai vendu très tôt ce matin cinq mille feuilles de ta récolte de luxe, je les ai trempées dans du saindoux pour en amoindrir le goût, et cela va donner faim et envie à tous les lutins ! J... enfin tu vas être riche !"

Le lutin repartit dans sa tour, le cœur léger. En signant avec Bip-Bip, il pensait avoir enfin trouvé un allié à sa taille.

Mais les contes de fée finissent mal en général. L'abus de semences OGM avait attaqué le palais des lutins qui ne trouvaient plus un caractère exceptionel au goût des feuilles cultivées par le lutin rouge. Beaucoup de petits hommes bleus, tiraillés entre la promesse d'un festin et leur ventre vide, finirent par mourir de faim. D'autres se rendirent malades avec la récolte à bas prix, dont le goût ressemblait tant à la salsspapareille de la saison précédente qu'ils crûrent manger un aliment périmé. Attristés par le sort de leur vermillon ami, quelques lutins fins gourmets lui proposèrent d'acheter sa récolte primeur, qu'il avait pour coutûme de conserver dans de la cire pour en extraire la substantifique saveur et découvrir un aliment plus craquant.

Hélas, le lutin, appâté par le gain, n'avait pas prêté attention à ses petites abeilles travailleuses (malgré son admiration pour les rushes) qui s'en étaient allées, le laissant à court de cire jusqu'à ce qu'elles reviennent. De rage, les lutins capturèrent et plumèrent l'oiseau taquin qui les avait tous roulé dans la farine. Mais le facétieux Gare-Gamelle lui avait jeté un sort, et à chaque plume arrachée, découvrant sous l'habit d'oiseau le corps d'un coyote puant, ils virent leur ami lutin maigrir substantiellement. Ne voulant pas lui faire plus de mal, ils abandonnèrent les deux compères à leurs tristes destins jumelés, jurant, mais un peu tard, qu'on ne les y prendrèrent plus.


Moralité : la connerie, c'est comme la température : quand tu en as plein de différentes en même temps, elles finissent par s'annuler, et quand la moyenne est trop chaude, suffit de faire beaucoup de vent pour donner l'impression que ça va s'améliorer.

Pour faire suite à ce 2ème volet des aventures du lutin rouge, nous allons cette fois prendre le chemin à l'envers par rapport à la chronique de Deadwing, et commencer par tout ce qui ne va pas. Ne rêvez pas, ce n'est pas parce que cela va prendre moins de place, au contraire, c'est juste histoire de pouvoir arriver en bout de piste sur une note positive. Vu qu'il n'est pas dans notre intention d'accuser Ptree de "Racket Record"er sa nécessaire force marketing, nous allons par conséquent demander aux fans du groupe - du moins ceux d'In Absentia (méchanceté gratuite mais assumée) - de mettre tout de suite au placard leurs accusations de "méchants frustrés de DDS qui n'aiment pas le groupe" (alors qu'on a tous leurs albums, Staircase Infinities et Yellow Hedgerow Dreamscape inclus) que j'entends venir d'ici, et de reconnaître un fait avéré : depuis 1999, les nouvelles sorties estampillées Ptree sont en passe de devenir un véritable Running Gag. Un album, une connerie.
Tout a commencé avec le passage de Delerium à Snapper, censé pouvoir assurer une distribution plus large et de meilleure qualité. Résultat, un Stupid Dream et un Lightbulb Sun encore moins trouvables que les précédents albums édités par le label de Richard Allen. Ensuite, ça a été l'affaire Lava, ou plutôt la double affaire Lava, avec tout d'abord la sortie mondiale "Playstation 3 Style" d'In Absentia, arrivé en Europe à peu près 5 mois après les US (le territoire ayant en premier soutenu le groupe, comme chacun sait), puis le grand n'importe-quoi des 15 éditions de Deadwing, dont le naufrage vous a été conté ici.
La signature chez Roadrunner pour la sortie de Fear of a Blank Planet nous donnait de l'espoir. Y allait-il enfin avoir un album de Ptree sans une connerie ? Tout se passait bien, l'album était annoncé depuis longtemps en combo CD + DVD-A comme on le voulait, on y croyait, jusqu'à ce qu'à peine une semaine avant la sortie, tout s'écroule. L'édition CD + DVD-A, dont il est question ici, s'est vu finalement limité à à peu près 5000 exemplaires, distribués n'importe où n'importe comment, et en guise de DVD-A c'est finalement rien de plus qu'un DVD-vidéo standard chargé d'une piste DTS dont on a hérité. Et comme le cynisme des maisons de disques n'a pas de limite, Roadrunner de nous annoncer comme une fleur que le DVD-A, le vrai, sortira en septembre. Peut-être quelques marketeux ont pensé dans leur grande naïveté qu'arnaque avouée est à demi pardonnée ; pour ma part, et sans vouloir lancer de polémique déplacée, je doute qu'une sodomie à sec fasse moins mal si l'on est prévenu avant l'acte.
Qu'à cela ne tienne, DDS ne reculant devant rien pour informer ses lecteurs, nous avons remué ciel et terre pour mettre la main sur un exemplaire de l'édition limité CD + DVD... Vidéo, donc. Enfin ça, c'est pour épater la galerie. En réalité, je suis tombé complètement par hasard sur le dernier exemplaire restant d'un magasin à côté de chez moi, et j'avoue avoir du mal à savoir si c'est le magasin qui est particulièrement bon, ce que je serais enclin à croire en tant que client régulier, ou si le distributeur est particulièrement stupide d'envoyer des exemplaires dans une obscure boutique de la région de Cergy quand des sites comme Amazon ne s'en sont pas vu livrer un nombre suffisant pour honorer leurs commandes...
Voyons donc un peu le contenu de cette fameuse édition devenu méga collector. Outre le plaisir d'avoir enfin un boîtier digne de ce nom (mine de rien c'est une première en First Press) et un livret avec les paroles (hein Lava !?), force est de constater que, aussi "seulement vidéo" soit-il, le DVD n'entâche en aucun cas la réputation de qualité des DVD musicaux estampillés Ptree sortis jusqu'alors. Signé Wilson lui-même (comme sur Stupid Dream), le mixage 5.1 se montre particulièrement novateur dans son traitement des voix, très spatialisées, avec une lead souvent décentrée pour mettre en avant, selon les cas, guitares ou claviers. Sur les morceaux plus lents, notamment My Ashes, Wilson se permet même une petite prouesse technique en nous lançant un mixage donnant l'impression que la voix sort de derrière les hauts parleurs. Néanmoins, malgré ces originalités, Fear marque clairement le pas par rapport à ses prédécesseurs en terme de spatialisation pure. En effet, si les enceintes arrières sont souvent sollicitées pour donner une ampleur toute "5.1" au son, elle ne sont que très peu utilisées pour isoler des sons ou des instruments précis à l'arrière, comme pouvait le faire Deadwing. Cela n'empêche en aucun cas le DTS de Fear de proposer un confort d'écoute bien supérieur à la stéréo (même en PCM), car pour le coup la spatialisation n'est pas l'argument décisif en faveur du 5.1.
De 1996 à 2000, il a fallu 3 albums * à Chris Maitland pour devenir l'insupportable m'as-tu-vu égocentrique passé maître dans l'art d'en faire des tératonnes que l'on a dû subir avant qu'il ne quitte le groupe. Par un étrange coup du sort, il aura fallu à Gavin Harrisson le même nombre d'albums pour devenir à son tour un acharné du débordement incessant élevé au rang de "style". Insuffisamment tenu à sa place par un Wilson que l'on regrette de voir si coulant avec ses batteurs, d'autant que lui-même reste le meilleur batteur du groupe (ce n'est qu'à moitié une blague, Maitland et Harrisson s'étant tous deux montrés incapables de jouer ne serait-ce qu'un tant soit peu correctement les programmations de Up the Downstair), "Gavan" se lâche et en met littéralement partout, jusqu'à sa propre jouissance et au dégoût de l'auditeur. C'est à ce moment précis que l'on bénit le mixage 5.1. Par rapport à son pendant stéréo, ledit mixage remet à plat tous les instruments, et permet de fondre la batterie dans l'ensemble, là où la stéréo assomme à force de la mettre en avant elle et son tenancier tout du long, sans interruption. Pour résumer crûment ce que j'essaye de dire précautionneusement depuis un paragraphe, c'est tout bonnement que le plus gros avantage du 5.1 de Fear of a Blank Planet, c'est de moins entendre Gavin Harrisson. C'est désespérant, mais on en est là.

J'avais toutefois promis de terminer sur une note positive. Ce ne sera pas trop difficile, pour une simple et bonne raison : l'album est bon. C'en est presque stupide à dire, mais après tout c'est le plus important. Oh, bien sûr Fear of a Blank Planet n'est pas un Up the Downstair, un Signify ou un Deadwing, il se "contente" d'être un bon album, avec beaucoup de bonnes idées, un morceau long qui enfin ne ressemble pas à un morceau long lambda (si IQ ou Dream Theater pouvaient en prendre de la graine) aux influences Floyd peu courantes (Animals !), un Sentimental absolument sublime, des arrangements de cordes fleurant bon le Lightbulb Sun, et pour la première fois on a un album de Porcupine Tree qui ne se termine pas comme n'importe quel album de Porcupine Tree. Pas trop tôt.


11-05-2007

* : Me cherchez pas avec The Sky, Maitland n'y est crédité que pour quelques percussions sur les deux phases du morceau titre, la batterie étant assurée par la BaR de Wilson.

2007


01. Fear of a blank planet
02. My ashes
03. Anesthetize
04. Sentimental
05. Way out of here
06. Sleep together

Steven Wilson - Chant, guitare, claviers   
   Richard "Maison du Café" Barbieri - Claviers, programmation
Colin Edwin - Basse   
   Gavin "Shitduiratatabadaboum" Harrisson - Batterie envahissante
Alex Lifeson - Guitare   
   Robert Fripp - Frippertronics
John Wesley - Choeurs