Belle mise en scène, des moments forts, Ahmed Mouici

Note globale


Niveau musical TREEEES bas, effets vidéos moches inside, l'égo de Daniel Levi

Editeur : Atletico Records / Universal
Durée totale : 2 h 30

- (PCM)

Image        PAL

Sous-titres en 3 langues dont fr
Clips de L'Envie d'Aimer, La Peine Maximum, Mon Frère, Le Dilemne (17 min format respecté)
Les coulisses du spectacle (10 min)
Casting des interprètes et danseurs (2 min)
Publicité cinéma (1 min)

La mise en scène frise la perfection, et rivalise aisément avec celle de Romeo et Juliette dans la catégorie "gros spectacle avec pleins de figurants". La technique pure n'est pas en reste. Quel dommage que Chouraqui n'ait rien trouvé de mieux que d'ajouter des effets vidéo foireux au film...
Très propre, un peu trop même, quelle que soit la configuration on sent un certain manque de pêche dans le rendu des instruments. Le 5.1 se montre assez avare en spatialisation, mais quand il se décide à en faire il est parfait.
Trop, beaucoup trop redondant dans les styles, tempos et orchestrations, et un nombre affligeant de chansons bas de gamme. Restent quelques trop rares coups de génie pour ne pas s'endormir.
Le making-of aurait gagné à durer 50 minutes de plus et à avoir un fil conducteur, en l'état c'est au mieux un backstage. Le "casting" n'a aucun intérêt. Par contre, l'intégralité du spectacle est sous-titré en 3 langues, bravo à l'éditeur !

Sommes-nous tous des victimes collatérales de Notre-Dame de Paris ? La question mérite d'être posée. Combien de fois, pendant les quelques années ayant suivi le méga succès de Cocciante/Plamondon, nous sommes-nous écrié "encore une comédie musicale !!" suite à l'annonce d'un énième projet plus ou moins bancal surfant sur une mode opportuniste (pléonasme ?). Dire que pendant près de 20 ans il n'y en a quasiment pas eu une seule, et qu'en l'espace de 5 ans on a frisé l'overdose... Doit-on se réjouir qu'une bonne partie d'entre elles se soient vautrées ? Non, pas vraiment. Doit-on par contre regretter que la plupart de celles ayant connu le succès soient parmi les moins bonnes ? Assurément. Et pendant que Cindy se débattait avec une réputation -fausse- de spectacle raté, ou que le Petit Prince passait inaperçu, les DJ de toutes les stations de radio de variété française nous infligeaient sans scrupule le dernier méfait de la bande à Obispo.
Depuis la sortie du célèbrissime péplum de Cecil B. DeMille, que j'avoue en toute humilité ne jamais avoir vu, l'histoire des 10 Commandements a, dans l'imaginaire collectif, perdu une partie de sa signification purement religieuse pour devenir un symbole, une image universelle de la résistance face à l'oppresseur et de la conquête de la liberté, ainsi qu'une certaine réflexion sur le poids des origines (surfait, avis perso) ou encore celui des conflits d'intérêts fatals pouvant surgir entre deux personnes proches. Dans Le Spectacle Musical Les Dix Commandements, nous apprenons grâce à Messieurs Lionel Florence et Patrice Guirao que cette fantastique histoire se résume à deux mots : l'envie d'aimer. Oubliez le combat de deux peuples, il n'est question ici que de multiples déclinaisons de "je t'aime, moi non plus" étirées sur deux heures. Pour les deux auteurs des textes du spectacle, au-delà encore de ce contresens particulièrement ridicule, on n'hésite pas à virer à l'exercice de style : réussir à inclure un dérivé du mot "amour" dans le plus de chansons possible.
Une femme abandonne son enfant, une autre l'adopte, c'est de l'amour. Jusque là, tout va bien. Si un esclave hébreu se lamente sur sa condition, c'est selon Florence parce que "l'Amour est inaccessible". Moi je croyais naïvement que c'était une histoire de travaux forcés, de coup de fouets, d'humiliation et d'absence de toute perspective d'avenir, mais bon, je ne suis sans doute pas assez romanesque. Les 10 plaies d'Egypte, je persiste à penser que l'amour n'a rien à voir là dedans, ou alors on sombre dans le SM le plus trash de l'histoire… Mais en arriver à résumer toute l'histoire en écrivant "pour que l'amour qu'on aura partagé nous donne l'envie d'aimer", j'en reste coi. Changement de paragraphe.
Mes amis, quoi de mieux pour accompagner des textes gluants que de la musique dégoulinante ? Pas d'inquiétude, Pascal est là pour nous offrir ce qu'il fait de mieux : de zolies petites compositions avec piano style ballades d'X-Japan accompagnées de violons bien sirupeux comme on les aime tant en France. De l'originalité à tous les niveaux, en somme ! Vu comme cela, on se dit que la totalité du contenu musical du spectacle est à jeter par la fenêtre. Et bien non. Car Obispo est aussi capable, de temps en temps, de quelques coups de génies, offrant à ce spectacle de véritables moments forts, tels que "Laisse mon peuple s'en aller", le diptyque "Chacun son rêve / Chacun son glaive", la très surprenante "Celui qui va" aux programmations drum'n' bass inattendues, ou la superbe "Mon Frère", toutes apportant une intensité peu soupçonnable à l'écoute du début du spectacle, proprement calamiteux.
Heureusement, Obispo et Florence ne sont pas les seuls impliqués dans ce spectacle. Il y a quelque chose de pourri dans le spectacle des Dix Commandements, et Elie Chouraqui vient faire le ménage ! Tranchant radicalement avec le contenu musical, sa mise en scène se veut nerveuse, rythmée, et surtout riche. Beaucoup de figurants pour animer le plateau, de superbes décors modulables embellis par des projections et des lumières de grande qualité, sans oublier des idées sacrément bien pensées, comme ce mur en verre représentant à la fois la Mer Rouge et l'espace infranchissable séparant désormais les frères Ramses et Moïse. Le final n'arrive cependant pas à éviter complètement le passage réactionnaire traditionnel de l'histoire originale, avec ses coups de tonnerre censés avertir les hébreux de l'interdiction d'avoir des relations sexuelles non cadrées. Et oui, un truc agréable que l'on fait spontanément pour le plaisir, fatalement la religion n'aime pas ça, les gens heureux n'ayant jamais fait de bons croyants…
Pour son propre malheur, Chouraqui a hélas aussi décidé d'occuper le poste de réalisateur pour ce DVD. Et ce qui aurait dû rassurer compte tenu de la carrière cinématographique du gars se transforme en grosse désillusion. Qu'est ce que c'est que ces effets vidéo complètement foireux incrustés à l'écran ? Le Pharaon est le fils du dieu soleil, ok, était-ce une raison pour entourer l'acteur jouant Seti d'un halo de lumière moche ? Pourquoi mon écran clignote t-il de façon extrêmement désagréable pendant que me sont récités les 10 commandements (seul bon texte du spectacle, soit dit en passant, la paraphrase du texte original étant très réussie) ? Pourquoi un metteur en scène professionnel sabote-t-il son propre travail de la sorte reste un mystère complet.
La version vidéo des Dix Commandements présente toutefois un intérêt indéniable pour ceux n'ayant eu accès qu'à la version audio : il est possible de reconnaître les chanteuses, chose absolument impensable en version CD puisqu'elles chantent toutes pareil. Ceci étant dit, et malgré des tendances au concours de hurlement, il faut toutefois souligner la très bonne prestation générale des chanteurs du spectacle : bon jeu d'acteur, peu de fausses notes, et dans le deuxième rôle principal, Ramses, Ahmed Mouici a la classe, mais ça on le savait depuis Pow Wow. Puis à côté de tout celà, dans le rôle de Moïse, il y a Daniel Levi, dans une caricature de lui-même. Fan de sa voix, obnubilé par sa prestation, il semble jouir du nombre de notes qu'il arrive à ajouter à la moindre de ses interventions, en rajoute encore et encore jusqu'à ce que, ivre de lui-même, il finisse par se vautrer… en plein sur le single où, tel l'un des futurs descendants du personnage qu'il interprète, il réussit le miracle de multiplier les pains.

Eh non Daniel, c'est pas le doigt qu'il faut lever, c'est la note !

Quid au final de ce Spectacle des 10 Commandements ? Et bien pas grand chose, il faut l'avouer. Quelques coups de génies et une (très) bonne mise en scène ne peuvent sauver l'aspect musical du marasme, or aux dernières nouvelles, une comédie musicale sans musique, ça ne sers pas à grand chose, sauf à n'écouter que les titres réussis et passer complètement à côté de l'histoire. Inutile ? Pas mal, oui…


20-02-2007

1er mars 2000 - La Halle Tony Garnier (Lyon... pour une fois que ce n'est pas Paris !)


01. Les prières du monde
02. Le massacre
03. Je laisse à l'abandon
04. Il s'appellera Moïse
05. Seti et son empire
06. Le dilemne
07. Désaccord
08. A chacun son rêve
09. La peine maximum
10. Je n'avais jamais prié
11. Le procès
12. Sans lui
13. Oh Moïse
14. Il est celui que je voulais

15. Celui qui va
16. Mais tu t'en vas
17. C'est ma volonté
18. Laisse mon peuple s'en aller
19. A chacun son glaive
20. Les dix plaies (NDBaker : Et encore, Obispo n'était pas né !)
21. L'inacceptable
22. L.I.B.R.E.
23. Devant la mer
24. Mon frère
25. Une raison d'espérer
26. Le veau d'or
27. Les dix commandements
28. L'envie d'aimer
29. Final


Daniel Levi - Moïse   
   Ahmed Mouici - Ramsès
Jocelyn Durvel - Seti   
   Nourith - Sephora
Perdro Alves - Aaron   
   Ginie Line - Nefertari
Anne Warin - Yokebed   
   Pablo Villafranca - Josué
Lisbeth Guldbaek - Bithia   
   Yaël - Myriam
Et les musiciens ? Pas trouvés...