Très bon son, bonnes chansons (bien que redondantes)

Note globale


M.O.C.H.E., montage minable, deuxième disque nul à chier

Editeur : Warner Music Vision
Durée totale : 3 h 32

 - -

Image        PAL

No Self Control extrait de la tournée 1988 "This way up" (5.1)
Darkness, No Way Out et Growing Up 'Live in the studio'
Downside up et Father, Son au BBC SHow "Later... with Jools Holland"
Documentaire "unwrapped" (st fr)

Bien que techniquement tout à fait correct, nous avons ici un des DVDs les plus mal montés jamais chroniqués ici... Et pourtant, on en a vu, des merdes.
A nouveau une excellente prestation de ce côté, avec 3 pistes toutes de très haute qualité, impressionnantes aussi bien en puissance qu'en précision.
13 titres dont 5 redites par rapport au DVD précédent, plus encore si on compte Secret World, on pouvait espérer mieux. Restent quelques surprises, et un inédit.
Les différents live sont intéressants, remerçions-les de sauver le 2ème disque d'un aller simple direct pour la poubelle.

Il s'est fait attendre, le Gab'. Longtemps. Plus de 10 ans entre Us, son incroyable tournée Secret World, et le nouvel album Up en 2002. Depuis Peter essaie de se faire pardonner, et y arrive souvent : ressorties SACD (très intéressante pour Up), longues tournées visuellement et musicalement passionnantes, apparitions sur des B.O. ou à différentes cérémonies d'ouverture (où, quand elles ne sont pas annulées comme pour la Coupe du Monde en Allemagne, il apparaît avec un préservatif sur la tête, vive Turin)... et plusieurs DVDs, dont celui-ci. Je ne doute pas une seconde que la note affichée en haut de cette page ait dû en faire bondir plus d'un, habitué certanement à ne lire que de bonnes critiques sur ce Still Growing Up.

Voyez-vous, se faire pardonner d'une trop longue absence en multipliant les projets ou les concerts ne me pose aucun problème, pas plus que le fait de sortir plusieurs DVDs (après tout certains artistes chroniqués sur ce site sortent un DVD tous les 6 mois et on ne leur en veut pas pour autant). L'idée de sortir un deuxième DVD d'une même tournée, mais montrant celle-ci sous un autre jour (salles différentes pour mise en scène différente, notamment) avait sur le papier, ou en trailer sur le DVD précédent, Growing Up Live, quelque chose d'inévitablement attrayant. Seulement, quand le résultat s'apparente avant tout à une redite filmée et montée n'importe comment, ça ne passe pas, en tous cas pas ici.

Jetons un coup d'oeil à la setlist, pour commencer. 13 titres, c'est à dire pas des masses. Dans le tas, un extrait de Passion (bien !), un inédit (bien plus réussi qu'Animal Nation, ouf), du Ovo x 2, Games Without Frontiers comme promis dans le trailer de Growing Up Live, mais aussi - et c'est là que le bât blesse - Red Rain, Solsbury Hill, Sledgehammer, Secret World et Digging in the Dirt, soit rien de moins que 5 titres complètement redondants (et joués de façon identique ou presque) par rapport au DVD précédent. Histoire de ne rien arranger, 4 de ces morceaux faisaient déjà partie de la setlist du DVD Secret World, ce qui nous balance Peter Gabriel directement dans la trop grande famille des artistes à la setlist intangible, aux côtés de Jarre, Marillion, Mitchell, Cabrel, U2 et tant d'autres. A croire que les albums 1 à 4 n'existent que pour 4 titres (Flood, Solsbury, Games, San Jacinto). Peter serait-il entré en compétition avec Porcupine Tree et Dir En Grey dans la catégorie "mes anciens albums, c'est quoi ça ?" ?
A ce moment-là, en toute logique, on devrait me rétorquer que tout ceci est normal, puisque le but de ce Still Growing..., dixit Gabriel lui-même sur le 2ème disque (chaque "chose" en son temps) est de proposer une nouvelle lecture des grands classiques ("via une setlist différente" dixit l'accroche au dos du boitier, la bonne blague). L'ennui, c'est que si cette nouvelle lecture se limite au film ici présent, y'a de quoi hurler, et pas de plaisir. Les lecteurs fidèles de D.D.S. l'auront sûrement déjà remarqué, en ce qui concerne l'image, Baker et moi-même avons une forte tendance à pardonner les défauts techniques tant que l'intérêt du spectacle (évidemment) et le montage sont bons. Par contre, mettez l'image la plus parfaite qui soit, si le montage est merdique nous serons sans pitié. Voir Iron Maiden. Celà fait maintenant plusieurs mois que nous hurlons contre cette nouvelle et détestable tendance qui consiste à filmer un morceau sur plusieurs dates et à mixer les sources ensemble en plein milieu des morceaux. Ce Still Growing Up nous impose cet immonde procédé sur les 3/4 de sa durée, à partir de rien de moins que trois, voire QUATRE sources différentes. Et quelles différences.
Le rendu final est aussi immonde que l'on pouvait décemment s'y attendre. Vous reprendrez bien un morceau de mon Games Without Frontiers ? Allez donc ! Un plan pris sur une scène normale, avec le public devant ; hop ! on change et nous v'là sur une scène avec une sorte de pont au milieu du public, sur lequel Mélanie Gabriel fait du euh... du bidule roulant ; zap ! on rechange, pour arriver en plein sur la scène ronde centrale du Growing Up Live. Et ainsi de suite, non stop, n'importe comment durant presque chacun des 13 morceaux. Mais où sont passés les musiciens qu'on n'arrive même plus à situer ? Sont-ils partis gerber comme le spectateur, pris d'une soudaine crise de Pullicinosis Aestomaquae ?
Puis nous en arrivons au second disque, et là comme pourrait le dire Baker, "oubliez toute forme de logique commerciale et artistique". Par où aborder ce machin ? Au départ (c'est à dire derrière le boitier), c'est censé être un "film explorant le monde derrière les chansons". En réalité, ce "monde" se résume à quelques phrases de Peter Gabriel, réparties ultra-chichement à raison de 10 secondes toutes les 5 minutes. Ses impressions sur certains lieux de passage de la tournée ? 5 secondes. Son sentiment sur les musiciens ? Une phrase chacun ! Oui, même Tony Levin et David Rhodes ; une phrase courte en plus. Un comble, on en apprend plus sur l'histoire qui a inspiré San Jacinto en regardant le programme principal !
Quant au film lui-même, l'aspect uniquement "visuel", que dire sinon que l'on réussit à atteindre un tout nouveau degré dans le néant. Vous prenez Peter Gabriel, vous le mettez sur un fond noir en lui faisant tenir un bout de carton blanc, vous projetez sur lui le film - déjà mauvais - du premier disque, et vous mélangez le résultat avec des prises de documentaires intégrées n'importe où n'importe comment. Que je sois bien clair : s'il n'y avait quelques bonus pour essayer de rattraper un peu le coup, ce 2ème disque de Still Growing Up vaudrait zéro. DDS avait déjà le prix Canard WC pour récompenser les packagings les plus pourris, j'instaure et je remets aujourd'hui à ce DVD le prix Wind Waker 2005 de l'idée la plus pourrie. Au passage, il faudrait signaler à madame Gabriel que, malgré ce que pourraient laisser croire les forfaits amateuristes des Gérards et consorts, réalisateur c'est un métier, ça ne s'improvise pas.

Bien sûr, tout n'est pas catastrophique. Redite ou non, les chansons présentes n'en restent pas moins des compositions de Peter Gabriel, avec tout ce que celà peut sous-entendre quant à leur qualité. De plus, elles sont présentées à nouveau dans un somptueux écrin sonore, jamais pris en défaut. Les live "in the studio" ou à la télé inclus en bonus ne manquent pas non plus d'intérêt. Enfin, on pourra penser ce qu'on veut d'une Mélanie Gabriel qui est au chant ce que Nintendogs est au jeu vidéo, la voir larmes aux yeux pendant sa prestation en duo avec son père sur Come Talk To Me (morceau écrit pour elle) est un grand moment d'émotion ; de plus, ce morceau étant le seul à n'avoir été filmé que sur un seul concert (scène centrale), il s'avère être aussi agréable à regarder qu'à écouter, une denrée bien trop rare sur ce DVD. Néanmoins, nous voilà à nouveau face à un DVD qui s'écoute sans pouvoir décemment se regarder. Aux dernières nouvelles, ce n'est pas le but du support... d'où la note.

2004 - Partout


01. The feeling begins
02. Red rain
03. Secret world
04. White ashes
05. Games without frontiers
06. Burn you up, burn you down
07. The tower that ate people
08. San Jacinto
09. Digging in the dirt
10. Solsbury Hill
11. Sledgehammer
12. Come talk to me
13. Biko
14. In your eyes - Bonus


Peter Gabriel - Chant, claviers   
   Tony Levin - Basse, stick, choeurs
Ged Lynch - Batterie   
   David Rhodes - Guitare, choeurs
Richard Evans - Guitare, mandoline, whistle, choeurs   
   Rachel Z - Claviers, choeurs
Mélanie Gabriel - Chant, choeurs   
   Levon Minassian - Doudouk