Fidélité absolue, superbes chansons, mise en scène à se damner

Note globale


On peut trouver ça un peu mou...

Editeur : Universal
Durée totale : 2 h 40

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Image        PAL

Trois featurettes (27 min)
Clips de On aura toujours rendez-vous et Puisque c'est ma rose (7 min)

Absolument sublime, tout au plus pourrait-on reprocher quelques fourmillements sur les noirs, mais c'est vraiment pour chipoter.
Stéréo, DD 5.1 et DTS sont tous trois des modèles dans leurs catégories question ampleur et définition. La spatialisation aurait toutefois mérité un mixage plus audacieux.
Un seul morceau à jeter sur deux heures de spectacle. Faites vos comptes.
Très jolis clips, tout à fait dans l'esprit du spectacle, et des mini-making-ofs bien sympathiques.

Elles avaient disparu pendant vingt ans. Elles ne marchaient pas en France. Mais depuis 1998, elles se sont vengées. Suivant Notre-Dame de Paris, leur championne, le bélier qui leur a permis de forcer les portes du ghetto d'ignorance et d'impopularité dans lequel elles avaient été enfermées, les comédies musicales ont fait leur retour, ont même pris le pouvoir. Belle, Les Rois du Monde, L'envie d'Aimer (ah là là, ce Lionel Florence...), autant de tubes multiradiodiffusés extraits de comédies musicales; plusieurs nouvelles créations à chaque rentrée; l'embarras de choix... Mais aussi, beaucoup d'appelées et peu d'élues. Aux côtés d'Ali Baba, de Gladiateur ou de Tintin et le Temple du Soleil (zéro représentation, l'Hippodrome de Vincennes était trop petit parait-il, on en rit encore (NDBaker : Pour celle-là, tintin, si j'ose dire...), combien d'autres semi-échecs, voire de bides retentissants ont émaillé ce revival ? Et même parmi les relativement rares succès (les Dix Commandements, Roméo et Juliette), combien de niaiseries enrobées variété ?
Que fallait-il pour retrouver la réussite d'Esméralda et de ses compagnons de la cour des miracles ? Luc Plamondon, l'auteur du spectacle par lequel tout a recommencé, et déjà responsable vingt ans auparavant avec Michel Berger de Starmania (dont on attend toujours une édition DVD à la hauteur soit dit en passant) ? Raté. Cindy, la dernière création de l'intéressé, s'est vautrée commercialement, et son bilan artistique est loin d'avoir obtenu des échos positifs, chose que l'on vérifiera sans doute un de ces jours sur D.D.S. (quand on aura trouvé le DVD à un prix correct). Le compositeur alors ? Gagné ! Et pourtant le projet avait tout d'un méga-casse-gueule : adapter en comédie musicale un livre pour enfants de 50 pages, culte pour des millions de lecteurs malgré un contenu des plus démagos, voire carrément réac (il faudra un jour se demander pourquoi la plupart des grandes oeuvres de culte populaire telles que Star Wars ou Lord of the Rings ont des penchants réac...), bref un livre tel que le Petit Prince représentait un défi certain remporté, inutile de faire durer le suspens, haut la main.
Rendons donc hommage aux responsables de cette réussite, et ils sont nombreux, à commencer par Elisabeth Anaïs, tombeuse d'une Mylène Farmer elle aussi candidate à l'écriture des textes de cette adaptation musicale (d'où la chanson Dessine-moi un mouton sur l'album Innamoramento), précédemment illustre inconnue en ce qui me concerne (elle aurait fait partie du jury de PopStars ou à La Recherche de... sur M6) qui, par un subtil mélange d'adaptation du texte de Saint-Exupéry et de paroles originales, a su parfaitement retrasncrire l'oeuvre dans ce nouveau format. Portés par la musique de Richard Cocciante, dont on reconnaît immédiatement les ambiances amples et les envolées lyriques qui caractérisaient déjà - avec la réussite que l'on sait - Notre-Dame de Paris (je crois que personne n'a oublié Vivre ou Le Temps des Cathédrales, et je ne parle même pas de Belle), l'ensemble texte et musique s'avère une parfaite et totale réussite : c'est le livre sur scène, ni plus ni moins. Fort de cette réussite, les créateurs du spectacle ont même pu ajouter en fin de premier acte un hymne à Gaïa, hymne apparaissant miraculeusement comme ni déplacé, ni démago, ni facile, un exploit rare. Voilà qui pourrait déjà suffire à notre bonheur.
Sauf que la mise en scène nous achève... dans le bon sens de l'expression. J'avoue manquer de vocabulaire pour qualifier la beauté des décors, l'inventivité de tous less instants, l'incroyable quantité d'idées faisant de chaque tableau un moment unique et magique. De l'"effet loupe" de la scène de la Rose ("Près d'elle") au design des planètes visitées par le Petit Prince, sans oublier les jeux de lumières et les multiples effets façon mirage, tout est absolument sublime. Et je ne parle même pas de la qualité des couleurs... pour ne rien gâter, le DVD aurait difficilement pu être meilleur : image excellente, à la définition parfaite (ah, ces couleurs, je me répète mais que c'est beau !), trois pistes sonores toutes plus réussies les unes que les autres, la perfection ou presque.
Je m'aperçois qu'avec tout celà, je n'ai même pas encore parlé des comédiens. Ca va aller vite, ils sont à l'image du reste du spectacle : excellents. Daniel Lavoie, dans le rôle de l'aviateur-narrateur, est comme d'habitude impérial; Jeff, incarnant le Petit Prince, n'est tête-à-claques que quand le rôle l'exige (c'est à dire souvent mais au moins l'acteur n'est pas en cause...) et chante merveilleusement bien, malgré les doutes légitimes que l'on pouvait avoir à ce sujet. Les seconds rôles ne sont pas en reste, chacun jouant son personnage à merveille, avec une mention spéciale pour le Géographe ("Je prends note", l'une des plus belles chansons du spectacle) et le Serpent (une idée géniale parfaitement mise en place). A noter de plus que, contrairement aux comédiens de Roméo et Juliette, ceux du Petit Prince sont également doués pour chanter que pour jouer (sous-entendu : en "spoken text"). Ouf.

Qu'ajouter à ces quelques paragraphes de dithyrambe parfaitement assumée ?... Qu'on aimerait voir des spectacles comme celui-ci plus souvent ? Bien sûr. Un "musical" tellement bon qu'on en oublie qu'il dure deux fois le temps qu'il faut pour lire l'ouvrage dont il est adapté ne mérite que des éloges.

2003 - Casino de Paris


01. Dédicace
02. C'est un chapeau !
03. Droit devant soi
04. Les grandes personnes sont comme ça
05. Les baobabs
06. Près d'elle
07. Adieu (et tâche d'être heureux)
08. Je t'ordonne
09. Moi, je
10. Je bois pour oublier
11. Je suis un homme sérieux
12. C'est la consigne
13. Je prends note
14. La Terre

15. Éphémères
16. Le serpent
17. L'écho
18. Le jardin des roses
19. Apprivoise-moi
20. Puisque c'est ma rose
21. L'aiguilleur
22. Chercher la source
23. On aura toujours rendez-vous
24. Le plus beau et le plus triste paysage du monde


Claude Engel - Guitare   
   Michel Coeuriot - Claviers
Jannick Top - Basse   
   Marc Chantereau - Percussions
Celmar Engel, Dominique Gastrein - Programmations   
   Olivier Ker Ourio - Harmonica
L'aviateur - Daniel Lavoie (NDBaker : Qui ressemble vraiment à St-Ex, comme Gérard Philippe !)   
   Jeff - Le Petit Prince
Cathialine Andria - La Rose, voix des Cactus   
   Stéphane Neville - Le Roi
Laurent Ban - Le Vaniteux   
   Nicaud - Le Buveur, voix du Serpent
Sébastien Izambard - Le Businessman   
   Thomas Gérôme - L'Allumeur de Réverbères, voix des Cactus
Christophe Cerino - Le Géographe   
   Romain Cortese - Le Renard
Nicolas Saje - L'Aiguilleur   
   Aurélia - La Bonne, voix des Cactus
Désir Bastareaud - Le Marchand de Pilules   
   Sylvaine Charrier - Le Serpent (encore bravo !!!)