Meilleures chansons, moins gluantes, une belle mise en scène avec de bons interprètes, des personnages moins monolithiques que dans la VF

Note globale


Le concours de sirènes de pompier... et une succursale de l'Eglise Baptiste Evangeliste a pris en otage la fin du spectacle

Editeur : BCBGMAXAZRIA / Echo Bridge
Durée totale : 2 h 21

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Image        NTSC

Sous-titres en 8 langues dont fr uk
Making-of (12 min st fr uk)
Galerie de photos (8 min)

Techniquement très belle, une mise en scène peut-être encore plus réussie que la VF, avec en bonus des effets vidéo moins ratés. Par contre, la gestion du format a été loupée.
Exactement le même genre de son que le français, peu spatialisé mais très propre, on se demande presque si l'ingé son n'est pas le même.
La preuve par A+B que Pat Leonard est plus doué qu'Obispo : des chansons plus riches, plus variées, et plus égales en qualité, bien qu'il n'y ait pas de quoi se taper la tête contre les murs. Je note tout de même que l'instrumental en fin de spectacle (sur les crédits) ressemble monstrueusement au générique de Champs-Elysées. Tout le monde s'en fout mais moi je trouve ça d'un kitsch fini !
Un documentaire trop lèche-tétons comme on en voit trop. Nous apprend quand même une ou deux anecdotes dont une surprenante sur l'orchestre... Le nombre impressionnant de langues disponibles au sous-titrage incite à l'indulgence !

Ca existe. Les Dix Commandements existent en version US. Sans même que ce soit un spectacle local. Vos yeux ne vous trompent pas : il s'agit bel et bien de l'adaptation US du spectacle musical français, celui de Chouraqui et d'Obispo, exporté contre toute attente et sans que celà n'ait fait l'objet d'une quelconque annonce… C'est tout de même rageant : pour une fois que la France exporte un spectacle, personne ne le sait. Est-ce par modestie ? Ou plutôt parce que sorti du nom de Chouraqui et des (larges) bases de sa mise en scène, la version US n'a pas grand chose à voir avec la nôtre, comme Tycoon n'avait que peu de rapport avec ce bon vieux Starmania ? Un coup d'œil au staff nous donne la réponse : mise en scène signée Robert Iscove d'après Elie Chouraqui, paroles entièrement refaites, tout comme les chansons. Obispo n'a pas eu la chance de Michel Berger, toute sa participation a été purement et simplement effacée. Mais est-ce une perte ?
Non, au contraire. Entièrement assurée par Patrick Leonard (producteur-compositeur ayant travaillé avec Madonna, Elton John, Jeff Beck ou Roger Waters) la bande-son de The Ten Commandments s'émancipe de la partition originale sur plusieurs points. Tout d'abord, au-delà d'un amour prononcé des deux compositeurs pour les refrains bien sentis, elle témoigne de la différence de style existant entre les comédies musicales à la française et les Musicals à l'américaine. Aux Dix Commandements les performances purement solo et les duos ; aux Ten Commandments les intervenants multiples et les chœurs de tragédies grecques pour incarner la plèbe. Ensuite, les compositions de Patrick Leonard, plus "up tempo" que celles d'Obispo, savent aussi se montrer plus variées, allant jusqu'à inclure un blues plutôt étrange en fin de spectacle. Enfin, les chansons anglaises se démarquent par une niveau de qualité globalement bien plus élevé. Seul regret, à remplacer toutes les chansons de la VF, on gagne en qualité, on évite les grosses daubes (pas de L.I.B.R.E) mais on perd les quelques coups de génie. Inutile d'espérer un morceau équivalent à "Mon Frère" lors de l'affrontement aux abords de la mer rouge, y'en a pas.
Mais les surprises apportées par The Ten Commandments ne s'arrêtent pas à la nouvelle bande son ni à sa seule existence. La plus grosse surprise tient sur la jaquette, où l'on apprend QUI tient le rôle principal. Ni plus ni moins que M. Batman Forever, j'ai nommé "Jim Morrisson" Val Kilmer. Dans la série "qu'est ce qu'il fout là, le film", on fait difficilement mieux ! Au début, on a beau dire, ça surprend. Val Kilmer jouant Moses jeune, ça fait bizarre, côté physique j'entends. C'était pareil pour Daniel Levi, me dira-t-on. Sans doute, mais les costumiers avaient eu la bonne idée d'habiller ce dernier de pied en cap pendant tout le spectacle. Leurs homologues américains n'ont pas eu cette présence d'esprit. Kilmer n'ayant plus le physique de Madmartigan de nos jours, je vous présente donc Moses jeune, avec bouée et muscles flasques pas en bonus. On a connu plus sex.
Ceci dit, ce point-là nous apprend une autre différence entre les comédies musicales francophones et anglo-saxonnes : ces derniers semble plus intéressé par les capacités de jeu de leurs acteurs que par leur plastique. Dans The Ten Commandments, les chanteurs et chanteuses ne sont par conséquent plus tous des Bôgoss et des Bonnasses. Les actrices jouant Bithia et Nefertari y gagnent en crédibilité par rapport à leurs homologues français. Notons aussi au passage que les producteurs US ont eu la bonne idée d'engager de vrais enfants pour interpréter Aaron et Yokebed enfant. Là encore, on y gagne en crédibilité. Par contre, que tout ceux qui envisagent de se procurer ce DVD pour apprécier le spectacle sans que celui-ci se transforme en concours de vocalises comme le faisait la version française rangent leurs espoirs au placard et ferment la porte à clef : ici, c'est pire.
A ce sujet, on ne s'attendait certainement pas au cours de ce spectacle à tomber sur un sosie de James LaBrie dans le rôle de Joshua. Tout y est ! Les longs cheveux ondulés, les yeux de nounours battu, les crochets d'alarme de voiture ET les sales habitudes Samprassiennes qui nous ont permis une hilarante capture d'écran. Et Val ? Pour ce qui est du jeu d'acteur, en toute logique (tout de même) il se défend. Pour ce qui est du reste, c'est un peu plus tangent. Les notes sont à peu près bonnes (ou presque), mais comme dirait Goldman "y'a les notes… et y'a la mesure". Dans le deuxième cas, et pour la musicalité en général, le pauvre Kilmer fait peine à voir, tant il est à la traîne par rapport à tous les autres membres du casting. Il faut dire aussi pour sa défense que faire chanter à un non-chanteur un morceau comme "Why Me ?", c'est limite dégueulasse. Autant demander à Alain Delon de chanter "Insane" de Francis Lalanne.
Une chose est sûre en tout cas, les amateurs du spectacle original ne seront pas dépaysés par ce DVD. L'image est identique, jusqu'aux effets vidéo quoique ceux-ci soient de bien meilleure qualité que ceux ajoutés par Chouraqui. On regrettera juste que les authorers aient bu. Annoncé en Widescreen au dos de la jaquette, le film est en réalité en letterbox, zoomable sauf si l'on souhaite profiter des sous-titres (complets et en 8 langues, encore mieux que le VF, félicitations !). Les bonus par contre, sont bien en 16/9ème, mais non anamorphique. Manifestement les priorités sont sujettes à variations…
La mise en scène non plus ne surprendra pas, du moins pendant les ¾ du spectacle. Extrêmement proche du travail original de Chouraqui dans le style et les idées, elle ne s'en éloigne que pour apporter une dimension supplémentaire aux personnages (Ramses est un enfant gâté, Moses doute dès le début, Seti apparaît moins froid, et Zipporah devient une vraie garce), ou pour s'attarder sur des intrigues annexes, telles que le peuple hébreu doutant de son guide, des thèmes largement au-delà de ce que permettaient les idioties mielleuses des textes de Florence et Guirao, offrant à cette version US l'aspect "péplum" qui faisait quelque peu défaut à la version originale… Jusqu'à la section finale.
Car passé la mer rouge, les choses se gâtent. Les différences culturelles fondamentales entre les pays sont, à mon sens, souvent largement exagérées, car résultant généralement d'une vue de l'esprit. Un européen se rendant au Japon persuadé de s'envoler au cœur d'une culture radicalement différente y verra forcément ce qu'il s'attend à voir, peu importe que là-bas il y ait des employés de bureau, des CD, des jeux vidéo, des quartiers riches, des taudis, bref autant de choses présentes dans tous les pays "occidentaux" de géographie ou d'esprit, sans que celà tranche à ce point. Cependant, de réelles différences savent parfois s'affirmer. Loin de moi l'idée de vouloir sombrer dans un antiaméricanisme beauf franchouillard que j'exècre au plus haut point. Simplement, je constate que dans la version issue d'un pays à la culture laïque (pour combien de temps encore je ne sais pas, mais bon), le final -par conséquent la morale- des Dix Commandements se veut, bien que de façon très niaise, un hymne à l'amour universel ; dans celle issue d'un pays ayant pour devise "In God we trust", le final se transforme en pure propagande religieuse.
Jusqu'à la mer rouge donc, tout va bien. L'effet de mise en scène est encore plus réussi, l'arrivée des troupes égyptiennes en fond est saisissante, mais juste après celà, le spectacle bascule dans une longue demi-heure de prêchi-prêcha chrétien absolument consternant. Ça commence avec un duo Ramses/Moses où Ramses se voit contraint de reconnaître la Toute Puissance de Dieu dans une séquence du style "et ben moi - mon Dieu - il est - plus fort - que le tien euh !". Risible, mais si représentatif des religions, qui réclament la tolérance pour elles-même mais ne tolèreront jamais qui que ce soit d'autre. Puis, oubliez la subtilité relative de la séquence du Veau d'Or version Chouraqui. Après s'être lamenté pendant de longues minutes sur son pauvre sort de peuple libre regrettant les coups de fouet (oui, les gens sont cons à ce point là), v'là t-y pas que les hébreux commencent à vouloir passer le temps en se secouant les uns dans les autres sur le petit pont de bôas.

Et là, tel un Philippe De Villiers égaré à 23h30 rue St Denis, débarque Val Kilmer criant "LUXURE ! LUXUUUUUURE, impies descendants de Sodome et Gomorrhe, sordide humanité, vous ne méritiez pas Giscard !" avant de jeter à terre les Tables de la Loi. Puis, un enfant, - évidemment un enfant car pur et innocent et tout ce que vous voulez puisque Oh Mes Dieux il ne pense pas au sexe (Freud n'a jamais existé), ne fait jamais le mal et ne ment jamais même lorsqu'il rapporte un 2/20 en Biologie créationniste certifiée par le Vatican - un enfant donc, commence à réciter les commandements un par un, en citant le texte original bien sûr, et encore doit-on se réjouir, ç'aurait pu être en Latin… J'arrête là, rien que d'y penser, ça fait gerber. Les religions, ah les religions, toujours si promptes à se jeter telles des vautours sur un corps encore chaud sur les gens frappés par le malheur afin de faire la pub de leur prêt-à-ne-pas-penser facile et totalitaire, les voilà donc qui se sont précipitées sur ce pauvre spectacle pour en gâcher le final. On en vient à regretter l'Envie d'Aimer. Il faut dire que c'est une envie qu'elles donnent rarement.


22-02-2007

2004 - Kodak Theatre (Los Angeles, U.S.A.)


01. Seti's command
02. If I can let you go
03. Drawn from the water
04. When we rule the world
05. A love that never was
06. Keys to the kingdom
07. Is anybody listening
08. Guilty (The trial)
09. Drawn from the water (Reprise)
10. The horns of Jericho
11. Shadow on this house
12. The one
13. Rain down stars
14. A love that never was (Reprise)
15. Why me ?
16. The horns of Jericho (Reprise)
17. Gloria of Râ
18. When we rule the world (Reprise)
19. Let them go
20. Light of a new day
21. Across the desert
22. Can you do that for me ?
23. Into the deep
24. Brothers still (How can it be ?)
25. Where we belong
26. Back in Egypt
27. Land of milk and honey
28. Golden Calf


Val Kilmer - Moses   
   Kevin Earley - Ramses
Nicholas Rodriguez - Aaron   
   Lauren Kennedy - Nefertari
Ipalé - Seti   
   Michelle Pereira - Yokebed
Alison Porter - Myriam   
   Luba Mason - Bithia
Adam Lambert - Joshua   
   Nita Whitaker - Zipporah
Nelson Kale - Claviers et direction   
   Chris Guardino, Steve Walsh - Claviers
Tim Landers - Basse   
   Ian Wallace - Batterie
Tal Bergman, Brad Dutz - Percussions   
   Steve Cornelli - Guitare
Judd Miller - EVI   
   Caroline Campbell, Neel Hammond - Violons
Gina Warwick (...dans un truc avec Val Kilmer ?!) - Alto   
   Vanessa Freebairn-Smith - Violoncelle