La musique tue !

Note globale


(mais 9 pour le pendent CD)


L'image n'apporte rien à la musique

Editeur : JBO
Durée totale : 1 h 49

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Image        PAL

Multi-angles sur tout le concert
Contenu DVD-Rom (nécessite une installation, la honte)
Outtakes (4 min)

Image dégueu, montage qui fait mal au crâne, désastre !
Une excellente stéréo qui dépote bien. Un 5.1 assez anecdotique.
Un excellent best-of des meilleurs albums, juste un peu court, c'est tout.
Sur le papier, ça a l'air intéressant et original; dans les faits, bof...

Rock is back ! - la nouvelle phrase à la mode. On l'entend partout, à la télé, à la radio, dans les magazines, sur le net, et même à propos du nouvel album des Rolling Stones, c'est dire. Il paraitraît que, je cite, lassée du rap et de la techno, toute une nouvelle génération redécouvre les guitares. Pour tous ceux qui, depuis quelques années, écoutent Muse, Coldplay, Porcupine Tree, du metal ou de la scène rock japonaise, cette affirmation a de quoi faire sourire, voire franchement rigoler.
Néanmoins il faut bien avouer qu'entre les Rasmus, Libertines, Darkness, Killers, Braves et autres groupes en The, sans parler de quelques revenants à la U2 (malgré un immobilisme qui tient de la pure lâcheté artistique depuis deux albums), effectivement, les guitares semblent dépasser les platines des passionnés pour retrouver un chemin vers les ondes. Et qui sait, peut-être verra-t-on les dirigeants de Skyrock comprendre ce que signifie le nom de leur station. Mais là je rêve en couleurs.
Ce retour était-il à prévoir ? Sans doute. Déjà, comme le disait Roger Waters dès 1972, les prophètes annonçant la mort du rock, on en trouve un par semaine depuis bientôt 40 ans, et l'on sait ce qu'il en est. Ensuite, celle qui était censée faire entrer le rock dans la catégorie des animaux disparus, à savoir la techno, s'est rapidement faite digérer par ledit Rock (voir Depeche Mode, les anciens Porcupine Tree ou le maître du genre, Buck-Tick), et a de plus montré une limite rédhibitoire : l'extrême difficulté à trouver de la techno qui s'écoute.
Oui, qui s'écoute, pas de la techno qui se mette en simple bruit de fond, pas non plus de bouts d'intros ou de séquences qui pourraient servir de trame de fond pour autre chose à la Aphex Twin, encore moins de la techno qui se gesticule sous l'effet de je ne sais quelle substance plus ou moins licite, alcool, cigarette qui fait rire, érection provoquée par la nana d'en face, LSD, ecstasy, vache folle modèle R.E.4, 13h de TF1 ou DVD bonus de Fates Warning (j'ai essayé, ça arrache). C'est à dire de la musique que l'on peut apprécier au casque, installé dans un fauteuil. Je sais, c'est affreusement cliché d'écrire des choses pareilles, et pourtant avouons-le, c'est souvent vrai.
Heureusement, souvent n'équivaut pas à toujours, et le groupe dont il est (enfin) question sur cette page fait partie des exceptions. Au milieu des années 90, Karl Hyde et Rick Smith, membres d'un groupe de rock raté déjà nommé Underworld, rencontrent Darren Emerson, petit génie de la platine de mixage. S'ensuit la sortie de trois excellents albums, la participation à une BO culte (Trainspotting, avec 'Born slippy'), tout celà parfaitement écoutable (j'insiste sur ce point). Mieux encore, à une époque où Laurent Garnier, entre deux crachats lancés sur notre vendeur de doubles galettes chinoises national à qui il doit tout, s'interroge sur la nécessité pour la techno de franchir la barrière du live, du VRAI live (et pas du multimixage en soirée huppée), Underworld se paie déjà une grosse réputation en la matière, couronnée en 2000 par la sortie d'un live en CD et DVD.
Dire que la réputation live d'Underworld n'est pas usurpée apparaît, à l'écoute du CD, comme un bel euphémisme : gros tubes, gros sons, grosse ambiance, mais surtout en ouverture un pavé, que dis-je, un monument de presque 20 minutes constitué de trois morceaux mixés (en l'occurence j'ai bien envie de dire "enchaînés") avec une maestria dans les transitions, une qualité dans la progression qui laisse tout simplement admiratif. Une tuerie, mieux encore, une tuerie prog ! Et si vous croyez que musique électro et prog ne vont pas ensemble, en plus de ce morceau jetez donc une oreille à Ethnicolor ou à la suite Révolution Industrielle de Jarre, vous comprendrez.
La question qui se pose maintenant est la suivante : y a-t-il un intérêt à adjoindre des images à ce superbe CD live ? Plus pragmatiquement, le DVD a-t-il un quelconque intérêt ? La réponse est, à mon grand regret, négative. Rappelez-vous : nous sommes en 2000, à l'époque le format DVD n'en est encore qu'à ses débuts, les lecteurs sont chers, le choix des films assez peu nombreux, et je ne parle même pas des DVD musicaux. Ce live d'Underworld fait partie des premiers dans la catégorie, et c'est là son plus grand malheur.
Le problème qui se pose est simple, et on ne peut plus courant : à chaque apparition d'un nouveau format ou d'une nouvelle technologie, on nous fait miroiter une quantité de nouvelles applications, toutes aussi apparemment amusantes que profondément inutiles. Et les premiers à se servir de ces technologies de se jeter sur ces fonctions en oubliant au passage ce que le public aimerait trouver. Le milieu des jeux vidéos possède actuellement un magnifique exemple incarné par la dernière portable de Nintendo. Les gens bossant sur cette console, à commencer par les studios de son créateur, sont tellement obnubilés par l'idée de se servir de la fonction tactile qu'ils en oublient qu'à 40 euros, les gens veulent des produits complets, pas des jeux Palm.

Même chose pour les DVD : le multi-angles, les trucs DVD-Rom pour faire mumuse sur son PC, c'est bien gentil, tant qu'on oublie pas l'essentiel, à savoir donner à la prestation de l'artiste l'écrin qu'il mérite. Et dans le cas présent, c'est raté : le mixage 5.1, bien qu'il sonne tout à fait correctement, ressemble tout de même beaucoup au CD écouté en surround, ce qui la fout un peu mal. Quant à l'image, alors là... Le film du live, couché sur bandes lors de différentes dates de la tournée, mélange n'importe comment les différentes sources. Et vas-y donc que je te passe en l'espace de deux phrases d'un concert en plein air au Japon à un indoor en Allemagne... les cadrages eux-même sont nuls : ça bouge tout le temps, on ne voit RIEN de ce que jouent les musiciens, sans oublier des couleurs aussi flashy qu'un jeu de la Game Boy Color 1ère génération, et une définition aussi brumeuse qu'un Silent Hill. Et ce n'est certainement pas l'abominable "film" disponible en second angle qui va rattraper le désastre. Tant et si bien qu'au final, on en viendra à éteindre la télé, et à garder juste le son. Pas vraiment le but d'un DVD. Heureusement qu'il y a des bonus-tracks, sinon...

1998 -1999 - Divers


01. Juanita / Kiteless
02. Cups
03. Push upstairs
04. Pearls girl
05. Jumbo
06. Shudder / King of snake
07. Born slippy
08. Rez / Cowgirl
09. Mouner
10. Kittens - Bonus
11. Rowla - Bonus


Karl Hyde - Chant, mix    
   Rick Smith, Darren Emerson - Mix