Depeche Mode - Remasters


Le soin absolu de cette édition ultime, définitive, jouissive en diable

Note globale


Jarre, U2, a-Ha, Buck-Tick, Genesis, Ange, Chick Corea, Yes, Thiéfaine, Tangerine Dream et j'en passe, qu'est-ce que vous attendez ?!?

Editeur : Mute Records
Durée totale : Beaucoup

 (96/24) - - (PCM)

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Voir ci-dessous. Bonne lecture.

Cette page est un petit peu spéciale, et j'avoue que ce n'est pas sans une certaine émotion que je la couche sur écran. Voici en effet un rêve devenu réalité, et quelle réalité. Pour les trois gusses qui n'auraient pas suivi, voici Depeche Mode, groupe culte qu'on ne présente plus, qui ressort l'intégralité de ses disques studios dans la version la plus ultime dont on puisse rêver : CD remastérisé (ça s'entend, beaucoup même), accompagné d'un SACD multicanal, et un DVD avec le même mixage multicanal en DTS 96/24, le disque original en PCM (tant qu'à faire... vous avez donc le remaster mais en 48 Khz), toutes les faces B possibles ou presque, parfois en 5.1 aussi (!), et un documentaire de trente minutes par album, 16/9, sous-titré en plein de langues, sans redondance avec les documentaires déjà existants, et sans langue de bois. Dit comme ça, ça fait purement rêver : on ne peut pas faire mieux, sur le papier.

Et en vrai ? Eh bien Kaworu et moi-même allons nous partager la tâche pour vous faire un petit topo sur chaque disque, au fur et à mesure qu'ils sortent, mais laissez-nous vous dire que globalement, le 10/10 majestueusement posé ci-dessus n'est nullement usurpé. Même un album aussi désuet et minimaliste que Speak & Spell a eu droit à un traitement de prince : pochette originale enfin reprise, plein d'inédits de cette période, interview de Vince Clarke, et remixage 5.1 tout bonnement HALLUCINANT. Le travail effectué sur ces remasters est phénoménal, et je pèse mes mots. Achat obligatoire, que vous soyez fan ultime (vous ne regretterez pas un centime de votre 2... 3...4ème réachat) ou simplement néophyte quelque peu intéressé. On rajoutera des liner notes en plus du documentaire, des photos inédites, les paroles de TOUS les titres, et je ne sais plus quoi dire, sinon que cette collection, véritable joyau de la pop-rock, devient derechef un absolu mètre-étalon en matière de réédition de disques. Toute autre tentative est pulvérisée. Maintenant prenez ma main et suivez le guide au pays des mille merveilles...


SPEAK & SPELL

Le disque : Premier méfait, et disque entièrement ancré dans une new wave balbutiante avec des musiciens amateurs jouant d'un doigt sur des synthés morts-nés ou plus sous garantie deux mois après l'achat, pour cause de faillite du constructeur. Le résultat : du Heaven 17 / Human League en moins bien, du XTC en moins bien, et du OMD en aussi bien...qu'à l'époque, vous imaginez donc l'ampleur des dégâts. Deux tubes : New Life (un hit en concert) et l'ultra-culte et indigeste Just Can't Get Enough (pour reprendre une célèbre chronique : I can, you will. Et après on me dira que chroniqueur c'est pas de l'art !). Mais ce qui frappe, c'est que malgré l'absolue immaturité et l'amateurisme complet, nous avons un groupe qui écrit des mélodies (pourries mais elles sont là), qui change de son à chaque titre, qui écrit des paroles pas bêtes et qui possède une parfaite mise en place. Bref, un pur OVNI qui a ses détracteurs farouches et ses fans absolus, comme la pochette qui est cordialement haïe par le groupe, la maison de disques et tout ce qui gravite autour de Depeche Mode, et que votre serviteur adore et trouve belle et géniale. Premier acte, premier frisson.

La technique : Ce qui frappe avant tout, c'est la perfection du mixage multicanal. La pauvreté musicale tente d'être gommée par tous les moyens avec ce mixage qui privilégie le spectaculaire et le gros son. Résultat : les chansons ne sont pas meilleures (il faudrait un miracle, et pas fait à la va-vite sinon c'est un mauvais miracle ;-) mais l'album entier s'avère bien plus passionnant. Encore mieux : vous avez ici toutes les faces B et raretés jusqu'ici introuvables, mais le plus incroyable, c'est qu'elles ont, elles aussi, été mixées en DTS !!! Bref, le panard, même si musicalement on reste au niveau le plus bas. Quant au documentaire, il est trop court, on aurait aimé une heure et demie, et il se termine sur un suspens insoutenable... Sont quand même bons vendeurs, ces Ped'Moches ! ^^

Le contenu : 5.1 (62 min) : New life - I sometimes wish I was dead - Puppets - Boys say go ! - Nodisco - What's your name ? - Photographic - Tora ! Tora ! Tora ! - Big muff - Any second now - Just can't get enough - Dreaming of me - Ice machine - Shout - Any second now - Just can't get enough (schizo mix) --- Interview (28 min st fr)


A BROKEN FRAME

Le disque : Une fois Vince Neil parti, on ne donnait pas cher de la peau de Depeche ; après tout le premier album reposait sur ses compositions. Mais c'était sans compter sur Martin Gore qui, dans un élan de désespoir, décida de s'y coller à son tour. On peut le comprendre : qui, à son âge, aurait tourné le dos au contrat le liant avec Mute Records ? Gore s'est donc retrouvé devant l'angoisse de la page blanche, et quasiment obligé d'écrire tout un album en un temps assez court aux yeux de sa maison de disques, sous peine de regretter à jamais la carriere qu'il venait de démarrer. Pour honorer son nouveau job, il choisit donc de rassembler en grande partie les chansons qu'il avait écrites étant plus jeune. Ce procédé, outre qu'il engendre la désagréable impression de vider ses dernières cartouches, a l'avantage de presenter des chansons ayant mûri sur de nombreuses années, mais aussi l'inconvénient de livrer au public d'autres titres sur lesquels, fatalement, l'artiste, et qui plus est unique auteur et compositeur, refusera de revenir, prétextant préserver la fameuse "muse créatrice du moment".

On trouve un peu des deux dans ce second album, qui a la particularité d'être le seul enregistré en trio avant un bon paquet d'années. Et on en a dit des choses, sur ce disque parfois baptisé "A broken record". Le réécouter de nos jours permet de se rendre compte que, malgré de nombreux défauts de jeunesse, il n'est pas du tout le plus mauvais album du groupe (nous laissons cette récompense au fumeux Exciter). Son mélange de naïveté et d'idées intéressantes le rend même presque touchant, et le bond en avant qualitatif par rapport à son prédécesseur est indéniable, Broken Frame n'ayant nul besoin de sa piste DTS pour pouvoir être écouté jusqu'au bout. Ce n'est évidemment pas un achat prioritaire si vous etes néophyte, mais le succès des idées de Martin Gore, en particulier celui du souffle épique traversant la dernière chanson, lui donnera confiance pour porter Depeche Mode sur ses frèles épaules.

La technique : Superbe mixage 5.1 qui à l'instar du premier volet redonne une vigueur étonnante à un album qu'on croyait plat. Malheureusement certains sons de synthé archi-cheap n'arrivent pas à faire oublier leur laideur, surround ou pas. Sinon, vos enceintes seront vraiment à l'honneur. Le reportage est excellent, donnant une large part de parole aux trois "héros" : Martin Gore et ses doutes, Vince Neil qu'on avait quitté un peu brutalement la dernière fois (et dont on suit ici la suite de la carrière, là où d'autres groupes auraient fait l'impasse), et surtout Alan Wilder qui revient sur sa drôle d'incorporation au groupe avec humour et sans faux-fuyants. Enfin, pour les fans ultra, vous avez droit à quelques titres live d'époque exceptionnellement rares et merveilleusement conservés.

Le contenu : 5.1 (68 min) : Leave in silence, My secret garden, Monument, Nothing to fear, See you, Satellite, The meaning of love, A photograph of you, Shouldn't have done that, The sun and the rainfall, My secret garden (live), See you (live), Satellite (live), Nothing to fear (live), The meaning of love (live), A photograph of you (live), Shouldn't have done that (live), The sun and the rainfall (live) --- Stereo (11 min) : Now this is fun, Oberkorn (It's a small town), Excerpt from My secret garden --- Interview (27 min, st fr)


CONSTRUCTION TIME AGAIN

Le disque : Une fois venu à bout de Broken Frame, il était temps pour Martin Gore de se remettre au boulot et d'écrire ce qui deviendrait le troisième album de son groupe en trois ans. Et cette fois, pas question de récupérer des fonds de tiroir : Gore devait innover et plaire pour passer le fameux "cap du troisième album". C'est la signification première du titre, qui se marie bien avec la pochette... Une pochette qui, après la fermière moldave de Broken Frame, a catalogué Depeche parmi les groupes marxistes-léninistes. En prime avec une face B qui s'intitule "Work Hard", c'est tendre le bâton. Et curieusement, cette dichotomie entre besoin de résultats et envie d'aller au bout des choses se ressent jusque dans chaque titre de l'album. CTA est un album plus abouti que Broken Frame, possédant des titres plus forts, avec des riffs ravageurs : Love in Itself donne le ton et Told You So possède un rythme infectieux. Avec Everything Counts, Depeche délivre même son premier tube à la mélodie imparable. Mais à côté de ces chefs-d'oeuvre de la synth pop, le groupe de Gore se laisse aussi aller à la facilité, et le disque souffre d'un déséquilibre qualitatif assez important. Même Alan Wilder, dont l'apport au groupe se montre au grand jour pour la première fois, signe deux titres pas franchement inoubliables, et si le refrain de Landscape est aussi agréable, c'est simplement parce qu'il semble totalement pompé sur Level 42 (à l'époque au top des hit-parades). Entre ces titres anecdotiques et les tubes certifiés, reste Pipeline, un titre très expérimental et révolutionnaire pour l'époque (Jarre ou Peter Gabriel n'y resteront pas insensibles d'ailleurs). Un titre qui a marqué les fondations de l'album suivant, et qui malheureusement est devenu avec le temps quelque peu inécoutable. En 2007, que reste-t-il de l'écoute de CTA ? Du rythme, de la danse, et un tout petit poil d'ennui. Mais en 2007, il y a le 5.1. Cela amène-t-il vraiment quelque chose ?

La technique : Et bien une fois de plus, les dix premières secondes de ce Depeche Mode en 5.1. vont vous laisser sur le cul. Et les quarante minutes suivantes aussi. De nouveau, on ne peut être qu'ébahis devant la qualité incroyable du son, la richesse et la chaleur de la production, et le nombre de détails autrefois enfouis dans le mix, et ici merveilleusement mis en valeur, sans qu'à aucun moment la chanson originale ne soit altérée - c'est peut-être là le plus grand tour de force. Evidemment c'est Pipeline qui bénéficie le plus de ce DTS ultra-riche (comme d'habitude, le Dolby Digital 5.1 se défend aussi très bien). Par contre, si vous possédez un système ProLogic, un conseil : branchez-le, et régalez-vous avec les très nombreux effets surround délivrés par les faces B et inédits. Car c'est bien la seule chose que vous apprécierez tant les titres bonus sont d'une médiocrité affligeante. Comme d'habitude, vous avez également un documentaire long et sous-titré : un peu moins excellent que d'habitude, il regorge malgré tout d'anecdotes ravageuses, d'Alan Wilderies délicieuses, et s'étend longuement sur le making-of de ce tour de force qu'est Pipeline. Bref, une fois de plus (ça en devient presque lassant), même si l'album incriminé n'est pas un chef-d'oeuvre, le DVD bonus l'est, indiscutablement, et Depeche Mode reste au top absolu des artistes ayant proposé à son public un 5.1, et pour ceux, encore très nombreux, qui pensent que la musique en surround n'est qu'un stupide gadget, une écoute ne serait-ce que des trois premiers titres pourrait rapidement réviser leur jugement.

Le contenu : 5.1 (42 min) : Love, in itself - More than a party - Pipeline - Everything counts - Two minute warning - Shame - The landscape is changing - Told you so - And then... --- Stereo (37 min) : Get the balance right ! - The great outdorrs - Work hard - Fools - Get the balance right ! (Combination mix) - Everything counts (In larger amounts) - Love, in itself.4 --- Interview (39 min, st fr)


SOME GREAT REWARD

Le disque : Décidément, l'album Phaedra de Tangerine Dream aura marqué son époque. Il montra au monde entier que Berlin, même en temps de semi-guerre froide, était une ville avec laquelle il fallait compter. Lou Reed, Marillion, David Bowie y ont trouvé chacun une inspiration nouvelle et salvatrice. Depeche Mode, qui est un groupe aimant varier les plaisirs autant que les pays d'enregistrement, y firent également une petite cure de jouvence et, galvanisés par l'ambiance surnaturelle de la ville de jour comme de nuit, y accouchèrent d'un album charnière, un album pas encore maîtrisé mais qui allait lentement les faire glisser vers le suivant, le célèbre Black Celebration encore dans toutes les mémoires et premier pilier d'un Depeche passant de groupe de pop pour ados à groupe de rock gothique sombre et influent. (NDBaker : Ca y est, j'ai battu mon record de longueur de phrase).

L'excellent documentaire le démontre bien : malgré trois albums derrière eux, tous uniquement synthétiques, il aura fallu attendre Berlin pour que la Gore Company donne dans l'industriel, courant naissant que les succès mondiaux nés de ce Reward aideront à populariser. Après visionnage de ce doc, et réécoute en surround dont le DTS est particulièrement froid, on se rend compte mieux pourquoi ce disque, bourré à craquer de bonnes choses, n'a pourtant jamais remporté l'adhesion complète : le sentiment général est pour une fois résumable en mots, qui plus est en un seul mot - écrasement. Le son, les boites à rythmes, les basses, tout est impitoyablement écrasé, compressé sous les sonorités mécaniques qu'on croirait sorties du film Metropolis. Au milieu de cette furie robotique, on a l'impression que le groupe s'est laissé écraser à son tour, piegé par un tournant de son style où il risque à tout moment le sous-virage et la sortie de piste, touchant du doigt des éléments soniques jusqu'à présent interdits et qui les feront definitivement basculer dans l'âge adulte - celui où l'erreur n'est plus tolérée. Très bons, plus élaborés et intéressants que tout ce que Depeche avait produit jusqu'alors, les titres de cette Grande Récompense semblent pourtant toujours bridés ou inachevés, même les tubes qui passent de "sympas" à "cultes". Si le choc de la première écoute a tendance à perdre de sa puissance à chaque génération, il n'en reste pas moins que Depeche prouvait par A plus B qu'il était possible de composer des tubes certifiés à partir de "machines", et non pas seulement de "synthés". Une leçon qui ne tombera pas dans l'oreille de sourds, et encore moins de manchots...

La technique : Soniquement, l'album est comme on l'a vu très lourd et clinquant : le 5.1 lui rend hommage en ce sens. La spatialisation à outrance fait apparaître une sorte de déséquilibre entre les différentes parties rythmiques et industrielles, mais c'est parfaitement rattrapé par les bêtises tombant ou se cassant dans votre dos de façon régulière. Le reportage est beaucoup plus axé sur la technique que sur l'humain, et c'est tant mieux, car on y apprend tout ce qu'il faut savoir sur l'album. Quelques faces B, un live rare, et le tour est joué : encore un foutu bon DVD bonus.

Le contenu : 5.1 (65 min) : Something to do, Lie to me, People are people, It doesn't matter, Stories of old, Somebody, Master and servant, If you want, Blasphemous rumours, If you want (live), People are people (live), Somebody (live), Blasphemous rumours (live), Master and servant (live) --- Stereo (12 min) : In your memory, (Set me free) Remotivate me, Somebody (remix) --- Interview (29 min st fr)


BLACK CELEBRATION

Le disque : Malgré déjà 4 albums au compteur, le Depeche Mode de 1986 se cherchait encore. Volonté de passer à la vitesse (et surtout à la classe) supérieure, épuisement relatif d'une formule de production qui commençait à ressembler à une routine, Black Celebration marque à bien des points un tournant majeur dans la carrière du groupe. Dernier album produit par le Boss de Mute Records, Daniel Miller remplacé dès le suivant par d'autres producteurs et par un Alan Wilder de plus en plus indispensable à ce poste, premier album sans single pop évident, premier album à être vraiment atteint par une noirceur aujourd'hui caractéristique de DM mais avant 1986 encore cantonnée à quelques rares titres, et surtout premier album à asseoir définitivement le groupe dans la cour des grands, au point que même Rock & Folk a dû courber l'échine et admettre la "crédibilité Rock" désormais incontestable (NDBaker : Même le grand HHHHebdogiciel avait écrit que Depeche, contre toutes leurs attentes, était devenu "adulte"). 21 ans plus tard, l'écoute remasterisée de cette pierre angulaire prouve mieux que tout discours qu'elle ne s'est point érodée. Pesant, intense, énorme, presque démoniaque parfois (Fly on the Windscreen), Black Celebration distribue ses titres, parmi lesquels beaucoup d'incontournables (Black Celebration, les "Question of" et bien sûr l'immense Stripped, plus majestueux que jamais) comme autant de coups de poing dans l'estomac, sans n'avoir rien perdu du pouvoir de fascination que lui a toujours conféré son enregistrement entre réverb' de cathédrale et claustrophobie paranoïaque. Qu'importe que les dernières pistes, plus faibles que le reste, continuent à lui porter un léger préjudice : Black Celebration, s'il n'est pas le premier bon album de Depeche Mode, est définitivement le premier GRAND Depeche Mode.

La technique : Pour le coup, le petit génie aux manettes des 5.1 des remasters de DM a décidé de jouer les traîtres : bien qu'immédiatement génial quant à la qualité sonore, le premier titre semble marquer le pas question spatialisation. Inutile de s'inquiéter, ce n'était que pour mieux nous en mettre plein les oreilles dès le second… et tous les suivants ! Inutile de tourner autour du pot, question multicanal, Black Celebration est probablement l'album le plus réussi de tous les remasters parus à ce jour - ce qui, vous vous en doutez, n'est vraiment pas peu dire. Des sons partout, mais surtout, et c'est là le plus important, des sons toujours là où ils doivent être. A croire que cet album à toujours été conçu pour être écouté de cette façon.

L'indispensable documentaire fait par contre un poil moins bien que d'habitude. Frôlant 1 heure de durée (contre environ ½ heure pour les précédents), et bien que consacrant ses 10 premières minutes au Best of "Singles 81-85" (où une pauvre chanson innocente s'en prendra plein la gueule), il ne contient pour autant pas plus d'info que ses petits frères, et se perd par conséquent dans quelques séquences de pure contemplation à l'intérêt douteux, qui auraient sans doute dû être coupées au montage. Rien de grave cependant, bien que plus diluée que de coutume, c'est évidemment une mine d'infos sans langue de bois à laquelle nous avons droit.

Un mot sur les indispensables bonus, avec cette fois 3 titres live d'époque, et comme d'habitude les faces B et autres remixes, dont la plus intéressante reste sans doute la version alternative de Fly on the Windscreen, à l'époque où elle n'était "que" une face B.

Le contenu : 5.1 (58 min) : Black celebration - Fly on the windscreen - A question of lust - Sometimes - It doesn't matter two - A question of time - Stripped - Here is the house - World full of nothing - Dressed in black - New dress - Black celebration (live) - A question of time (live) - Stripped (live) --- Stereo (35 min) : Shake the disease - Flexible - It's called a heart - Fly on the windscreen - But not tonight - Breathing in fumes - Black day - Christmas island--- Interview (57 min st fr)


MUSIC FOR THE MASSES

Le disque : Le seul truc ennuyeux de cette fabuleuse série de remasters, c'est que comme les albums sortent dans le désordre, on a du mal à faire les transitions. Donc (comment dirais-je) voici Music for the Masses, 2ème volet de la première fournée de remasters, sorti à l'origine en 1987. Profitant du surcroît de crédibilité "rock" acquise avec l'album précédent (Black Celebration), DM a eu l'occasion d'en rajouter une couche dans l'exploration sonore, à grands coups de sons industriels qui ne manqueront pas d'influencer un certain Trent Reznor quelques petites années plus tard. Moins viscéralement sombre que Black Celebration ou Some Great Reward pour ne citer que des albums antérieurs, MftM reste encore aujourd'hui un des seuls (en tous cas le seul vraiment réussi) albums de DM à présenter le groupe sous des apparences plus "positives", bien que la plupart des titres conservent des sous-entendus nettement moins bon enfant que ce que les arrangements plus clinquants que la moyenne pourraient faire croire (Never Let Me Down Again, Little 15).

Le déjà traditionnel documentaire d'une demi-heure inclus sur le DVD insiste moins sur la création de l'album (dommage) que sur la fameuse tournée qui l'a suivi, mise en boîte via le road movie 101, y ajoutant une bonne dose d'anecdotes on ne peut plus intéressantes (la pluie sur Blasphemous Rumours, par exemple). Côté son, "comme d'habitude" pourrais-je d'ores et déjà dire, le remaster très nettement plus dynamique et plus précis que le CD original vaut le coup d'oreille, mais n'est encore rien face aux pistes DTS et SACD multicanal, offrant à l'album une incroyable cure de jouvence. Presque 20 ans après, on est subjugué d'entendre de nouveaux sons sur Strangelove, une programmation rythmique enfin audible sur Never Let Me, ou tout simplement des Little 15 ou Pimpf tels que, finalement, on a l'impression qu'ils auraient toujours dû être. En résumé : un album majeur dans la carrière du groupe, une production qui a beaucoup influencé, un son 5.1 qui dépote. Encore !!!

La technique : L'intro du cultissime Never Let Me Down Again ne vous laissera aucun doute : en stéréo ça sonne mieux, en DTS ça sonne monstrueux. Le 5.1 forcément plus sale rajoute même un côté rock pouilleux. Les faces B sont surtout des remixes ou des atmosphères mais, et là c'est la bonne surprise, les 4 inédits de la précédente remastérisation (qui était bien loin de celle-ci) ont été aussi mis en 5.1. Quant au documentaire, Kaworu l'a dit mieux que moi : c'est une agréable extension du DVD 101 (mais sous-titré, celui-là) agrémentée d'une première ode à Sir Wilder.

Le contenu : 5.1 (62 min) : Never let me down again - The things you said - Strangelove - Sacred - Little 15 - Behind the wheel - I want you now - To have and to hold - Nothing - Pimpf - Agent orange - Never let me down again (Aggro mix) - To have and to hold (Spanish taster) - Pleasure little treasure (Glitter mix) --- Stereo (22 min) : Agent orange, Pleasure little treasure, Route 66, Stjarna, Moonlight sonata --- Interview (37 min st fr)

(disques)     & (notes techniques)


VIOLATOR

Le disque : Album culte, pierre angulaire, "album de la maturité", les mots (et les lieux communs) manquent pour qualifier Violator, véritable consécration et, accessoirement, 1er acte de la fabuleuse "trilogie des nineties" de Depeche Mode. La richesse de la production et (surtout) des arrangements ciselés par Alan Wilder, la qualité des chansons écrites par Martin Gore ne sont que de minces hypothèses pour expliquer la réussite planétaire de cet album, qui assit définitivement le succès populaire ET critique de DM. En réalité, l'accession au status d'album culte est, peut-être plus qu'une question de qualité ou d'inspiration, souvent le fruit d'un heureux concours de circonstances, présent ici sous la forme d'une séance de décicace à première vue ratée, qui propulsa en réalité le groupe à la une de tous les journaux (papier ou télé) des USA la veille de la sortie de l'album.

Cette petite histoire n'est qu'un exemple des nombreuses informations réservées par le documentaire du DVD, parmi lesquelles on retiendra les difficultés d'Anton Corbijn à faire accepter son idée de clip pour Enjoy the Silence, ou encore le passionnant "accouchement" passé au microscope de trois chansons (World in my Eyes, Policy of Truth et bien sûr Enjoy the Silence) apportant si besoin était la preuve définitive de la place primordiale d'Alan Wilder à la production et aux arrangements. Chansons inoubliables, album culte.

La technique : Le son est aussi bon que possible, mais moins enveloppant et spectaculaire que les autres. En celà, le mixage 5.1 d'un tube absolu comme Enjoy the Silence pourra même décevoir. Mais en réalité ce mixage, outre qu'il mette en valeur un nombre incroyable de détails, est conforme au son originel, celui d'un disque de transition. Transition confirmée par le documentaire, où finalement on n'est pas si loin du doc d'origine fait en 90, preuve que Violator est un album charnière et sans âge. Enfin, les faces B, toutes en stéréo, sont hautement intéressantes mais il en manque une ou deux... A suivre donc.

Le contenu : 5.1 (47 min) : World in my eyes, Sweetest perfection, Personal Jesus, Halo, Waiting for the night, Enjoy the silence, Policy of truth, Blue dress, Clean --- Stereo (25 min) : Dangerous, Memphisto, Sibeling, Kaleid, Happiest girl (Jack mix), Sea of sin (Tonal mix) --- Interview (32 min st fr)

(disques)     & (notes techniques)


SONGS OF FAITH & DEVOTION

Le disque : Falling into Infinity, Tales from Topographic Oceans, Anoraknophobia, Pop : il est ainsi des disques malades qui sont signés par des grands groupes. Songs of Faith and Devotion est un grand disque produit par un groupe malade. 1993, Depeche découvre le prix fort que doit payer tout artiste à la Mode. Violator s'est vendu plus que de raison. Les tournées précédentes les ont usés. Ils emménagent dans un immense et cossu studio d'enregistrement qui ne leur plait pas. Dave Gahan mélange alcool et drogues dures, s'isole du groupe. Alan Wilder, déçu que ses idées ne soient pas mieux exploitées, commence à s'isoler aussi. Et Gore, pour retrouver la muse qu'il croit avoir perdu apres Violator, s'enferme des heures durant loin du groupe qui n'en est d'ailleurs plus vraiment un. La sortie de Songs est donc un miracle, tant ce disque maudit a bien failli passer à la trappe. Mais un miracle n'arrive jamais seul.

Si des fans de première heure ont pu grogner contre les changements de cap, leur groupe fétiche étant moins sautillant et plus orienté guitares à chaque sortie, on peut affirmer que Songs est l'apogée de ces débordements stylistiques, et celà n'a pas échappé à la presse qui a complètement (re)découvert Depeche. L'omniprésence de guitares lourdes, de machines qui n'ont rien à envier à Trent Reznor, un Dave Gahan tatoué, amaigri, au look gothique et au moral go toc, en pleine déchéance, et puis ce Devotional Tour qui a achevé la legende : tout était reuni, et le public, surprenamment, a répondu présent. Il y a de quoi : plus sombre et ambitieux à chaque morceau, usant presqu'autant l'auditeur que le chanteur, n'ayant pour seule oasis qu'un Condemnation irréel, Songs est un très grand disque, un parachèvement de la quête de l'essentiel entamée par Martin Gore dès la toute première chanson qu'il ait jamais écrite. S'il ne s'est pas autant vendu que Violator, il n'en reste pas moins un disque plus consistant, plus affirmé, et bien qu'il soit très loin d'être un album "classique" de Depeche Mode, il est impensable de ne pas avoir ce joyau dans votre discothèque.

La technique : Un reportage choc. Couplé à celui disponible sur le DVD de clips (et qui n'a aucun recul), ça fait froid dans le dos. De véritables montagnes russes d'émotions, se terminant exactement de la même façon que le reportage sur Speak And Spell : le départ du synthé prodige, sans crier gare, brutalement. Une épopée magnifiquement racontée. Niveau sonore, cet album risque de vous décevoir car à l'instar de Violator, le 5.1 n'a pas été fait pour flatter vos oreilles, mais pour renforcer le côté crade de l'original. Moins d'immersion donc, et un son qui pourra même paraître plat, mais totalement en accord avec les idées du groupe, donc rien à redire. Pas de live cette fois-ci, mais franchement, avec le DVD de Devotional, vous en avez déjà assez, non ?

Le contenu : 5.1 (47 min) : I feel you, Walking in my shoes, Condemnation, Mercy in you, Judas, In your room, Get right with me, Rush, One caress, Higher love --- Stereo (46 min) : My joy, Condemnation (Paris Mix), Death's Door (Jazz mix), In your room (Zephyr Mix), I feel you (Life's too short Mix), Walking in my shoes (Grungy Gonads mix), My joy (Slowslide Mix), In your room (Apex Mix) --- Interview (36 min st fr)