Dieu à l'oeuvre, des titres qu'on n'espérait plus, Rick Wright...

Note globale


Un poil mou, les interprétations acoustiques feront grincer quelques dents

Editeur : EMI
Durée totale : 2 h 08

- (PCM)

Image        PAL

Répétitions de Je crois entendre encore (8 min, 5.1)
Sonnet 18 by Shakespeare (3 min)
Caméra sur les solos (14 min, 5.1)
Chorale isolée sur High hopes (2 min)

Couleurs chaudes, superbe définition, montage tout en douceur, classieux, comme le concert.
Le choix de l'acoustique ne se prêtait pas à des folies de spatialisation, mais l'ensemble sonne aussi chaleureux qu'escompté.
Entre surprises et valeurs sûres, entre inédits et honorables vieilleries, que reprocher ?
Répétitions, bonus tracks, inédits, surprises, un bonheur de bonus.

L'étoile du Floyd semble ainsi faite que depuis avoir évité de peu la supernova au milieu des années 80, son éclat, tel un pulsar, varie au rythme de ses périodes d'activités. Tantôt endormie, presqu'invisible pendant de trop longues périodes, elle se remet soudain à briller de mille feux, comme pour éclairer le monde de sa lumière à la richesse et aux nuances innombrables et inégalées. La période 2000-2002 nous a gratifié de l'une de ses périodes de pleine activité à travers la triomphale tournée de Roger Waters (chronique ici, oui la vie est parfois bien faite), autant qu'à travers les quelques concerts plus modestes de David Gilmour, lequel, comme si en propre intérieur le pulsar Pink Floyd fonctionnait selon le principe des vases communicants, a laissé à son bassiste d'ex-collègue le soin de donner aux fans son saoûl de lasers, de projections et de formation musicale au nombre et au talent XXL, pour s'autoriser, loin des grands shows de l'inoubliable Division Bell Tour, une escapade solo marquée par la douceur et les arpèges d'une formation à large vocation acoustique.
Le principe du set acoustique, depuis son explosion inattendument orchestrée par MTV, ne s'est pas vu mis à l'abri des critiques par son immense succès, ni par le nombre d'artistes - connus ou moins connus - qui s'y sont essayé, avec plus ou moins de bonheur. Pour les uns occasion de redécouvrir tout le talent d'un artiste interprétant des chansons débarassées de leurs oripeaux superflus, pour les autres scandaleux exercice consistant à détruire des chansons en les dépouillant de leur force, de leur chair, de leur vie que sont les arrangements. Les premiers, amusés par un Shine On... devenu occasion pour David "Dieu" Gilmour de présenter ses nouveaux contrôleurs MIDI pour faire son fond d'orgue Hammond tout seul, ne manqueront pas de s'enthousiasmer lorsque seul sur scène, accompagné uniquement de son immense talent, David "2 notes/minute et c'est pour ca qu'on l'aime" Gilmour laisse ses doigts magiques reprendre possession du mythique hommage à Syd Barrett sur une simple guitare acoustique ; confrontés à l'absence préjudiciable de claviers, au cruel manque de réverb des célèbres "4 notes", à une relecture contestable de la mélodie vocale, et aux errements de l'ensemble, ils seront toutefois bien en peine pour contester les seconds lorsque ceux-ci, réprimant un baillement, argueront que résumer un chef-d'oeuvre d'orchestration comme Shine On à une simple guitare acoustique tient du blasphème, blasphème qui en l'occurence tourne sérieusement à vide.
Heureusement, ce concert de David "Magic Fingers" Gilmour ne saurait se résumer à cette relecture de Shine. Au coeur d'une setlist alternant chansons ultra-prévisibles - mais toujours ô combien réjouissantes - et titres véritablement inattendus, Gilmour instille une classe ouatée à chaque composition, privilégiant en la demeure une atmosphère de proximité avec un public qui pourrait presque venir s'asseoir sur scène, au pied des musiciens, sans que personne ne s'en trouve surpris.
Dans cette ambiance pas si éloignée de celle d'un châlet de montagne entouré de neige en hiver, où chacun se retrouve au coin du feu, quoi de plus normal que d'inviter quelques amis ? Le floydien convaincu s'étant immanquablement procuré ce live ne manquera pas d'exulter en voyant venir Rick Wright, d'autant plus lorsqu'il s'agit d'interpréter, pour la première fois en live, un titre de son superbe album solo Broken China. Autres invités, le regretté Michael Kamen aux claviers, Robert Wyatt le légendaire, Bob Geldof venu chanter Comfortably Numb (en lisant le texte, la HONTE !), ainsi qu'un invité particulier, une chorale de luxe dans laquelle on retrouve, entre autres, les trois choristes du Division Bell Tour (dont Sam Brown), chorale qui embellira sans l'ombre d'une faute de goût tous les morceaux auxquels elle se joindra, et dont l'une des heures de gloire se trouve en bonus, où elle interpètera seule le superbe arrangement vocal de la non moins superbe High Hopes.
Restons quelques instants de plus dans les bonus pour parler de Sonnet 18, chanson inédite composée par Michael Kamen sur un texte de Shakespeare cher au coeur des fans du Cercle des Poètes Disparus, chantée par David (bien sûr), occasion d'admirer à la fois la beauté de la composition et celle des paysages de campagne anglaise entourant l'Astoria, célèbre péniche-studio du maître des lieux.

Forte de ses - trop courts - moments de grâce qu'elle nous a accordée, l'étoile Floyd est retournée à son repos. Mais n'ayons crainte : les quelques rayons de lumière apparus ces derniers mois ne sauraient tromper. Son réveil est pour bientôt.

2002 - Meltdown & Royal Festival Hall (Royaume-Uni)


01. Shine on you crazy diamons (part 1)
02. Terrapin 8
03. Fat old sun
04. Coming back to life
05. High hopes
06. Je crois entendre encore - Reprise de Bizet
07. Smile - Inédit
08. Wish you were here
09. Comfortably numb
10. Dimming at the day
11. Shine on you crazy diamond - part 2
12. A great day for freedom
13. Hushabye mountain
14. Dominoes
15. Breakthrough
16. Comfortably numb
17. I put a spell on you - Bonus
18. Don't - Bonus


David Gilmour - Chant, guitare   
   Michael Kamen - Piano, hautbois
Chucho Merchan - Basse   
   Caroline Dale - Violoncelle
Neil McColl - Guitare   
   Nic France - Batterie
Richard Wright - Claviers, chant   
   Bob Geldof, Robert Wyatt - Chant
Sam Brown, Chris Bollin, Pete Brown, Margo Buchanan, Claudia Fontaine, Michelle John Douglas, Sonia Jones, Carol Kenyon, David Laudat, Durga McBroom, Mitch McRobbie, Beverli Skeete - Chorale